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Les femmes camerounaises sont les premières victimes des monocultures de palmiers à huile

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« L’heure est venue : les activistes rurales et urbaines transforment la vie des femmes ».

Il ne s’agit pas là du titre d’une campagne d’une organisation non gouvernementale, mais de la thématique de la journée international des Femmes des Nations Unies cette année. Celle-ci fait suite à la campagne mondiale #metoo déclenchée, il y a six mois.

Au Cameroun, la journée a pour thème « Intensifier la lutte contre les discriminations à l’égard des femmes, renforcer le partenariat pour le développement durable ». Nous saisissons cette opportunité pour dénoncer les violences et abus subis par les femmes vivant en lisière ou à l’intérieur de grandes monocultures.

Les ravages de la monoculture au Cameroun

Depuis la fin des années 2000, ces grandes plantations industrielles, dont le fer de lance est la culture des palmiers à huile, sont encouragées par le gouvernement camerounais. Les percevant comme pourvoyeuses d’emplois et vecteur de croissance économique, ce dernier a ainsi entrepris une réforme foncière favorable à l’agriculture à grande échelle.

Les communautés rurales vivant dans les localités où l’essentiel, sinon l’ensemble, des terres cultivables sont attribuées aux agro industries ont fait les frais de ce développement. Elles se retrouvent souvent spoliées de leurs terres, qui a une valeur culturelle, socioéconomique et politique. Au sein de ces communautés, les principales victimes sont les femmes.

Comme j’en ai fait part au Parlement européen l’année dernière, ces femmes sont violées, harcelées et privées de leur accès à la terre. Elles sont violentées et font l’objet de représailles pour la détention des noix ou de l’huile de palme quand bien même ces produits proviennent de leurs plantations.

En zone rurale, les femmes sont les piliers des familles. Lorsqu’on viole leurs droits sociaux, économiques et culturels, c’est toute la famille et la communauté qui en est affectée.

La journée des femmes ou l’occasion de dire « non »

Fortes de ce constat, les femmes et les organisations de la société civile camerounaise ont décidé d’agir en lançant une pétition. Adressée au gouvernement camerounais, elle contient la demande urgente de mettre fin aux souffrances et aux violences entrainées par l’expansion des plantations industrielles de palmiers à huile.

Des solutions à ce problème existent. L’Etat du Cameroun peut prendre des mesures visant à prévenir les violences contre les femmes dans les processus d’attributions des terres aux agro industries. De même, il peut protéger et soutenir les victimes en leur facilitant l’accès à la justice, afin que les auteurs répondent de leurs actes.

Les entreprises agro industrielles doivent aussi être mieux encadrées. Le gouvernement peut les aider à mettre en place une diligence raisonnable en matière de protection des droits des femmes. Cela pourrait se faire, par exemple, dans le cadre de leur responsabilité sociétale ou encore, à l’instar d’autres pays, via un plan d’action national de mise en œuvre des Principes Directeurs des Nations Unies sur les entreprises et les Droits humains.

L’Union Européenne (UE) peut aussi faire une différence. En tant que signataire des objectifs de développement durable, dont l’un des buts est l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, elle a le devoir de faire du droit des femmes une priorité dans toutes les discussions internationales sur l’environnement et le développement.

De même, l’UE est une grande importatrice d’huile de palme. Elle a les moyens de faire pression sur ses entreprises en mettant en place un plan d’action européen  pour la protection des forêts et des droits des populations dépendantes des forêts.

Par Laurence WETE SOH (FODER – Forêts et Développement rural, Cameroun)

Note de la rédaction : FODER est une organisation camerounaise qui travaille à améliorer la gouvernance forestière en renforçant la participation des communautés forestières et des organisations de la société civile aux décisions qui affectent leur vie. Elle lutte contre l’exploitation illégale et la corruption dans les secteurs forestier et minier et sont impliqués les processus FLEGT et REDD+.

Retrouvez la version anglaise de l’article ici

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