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Exploitation forestière illégale: A qui la faute ?

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L’arrondissement d’Abong-Mbang, est le théâtre de coupes illicites de bois depuis quelques années.

L’Est est l’une des dix régions du Cameroun, qui concentre une bonne partie des forêts du Bassin du Congo. La majorité de son territoire est couvert de forêt de type équatorial.  Avec une superficie d’environ 109 000 km2, la région abrite plus de 755 100 habitants.

Abong-Mbang fait partie des arrondissements du Département du Haut-Nyong région de l’Est, et compte deux titres d’exploitation forestière : la forêt communale d’Abong-Mbang qui est exploitée par la STBC et l’UFA 10046 dont la société SCTB est attributaire et exploitante. L’UFA 10046 est repartie entre les arrondissements de Doumé, Abong-Mbang, Dja (Mindourou) et Mbang. Mais au de-là de ces titres forestiers, le reste de l’arrondissement d’Abong-Mbang est occupé par les forêts du domaine national (FDN).

Sur le plan institutionnel, l’arrondissement d’Abong-Mbang est doté d’un poste de contrôle forestier et chasse et d’une Délégation Départementale du Ministère des Forêts et de la Faune (DDPOF).

En dépit de la proximité des institutions, cette zone est sujette à une intense activité forestière non autorisée dans les forêts du domaine national. De mars 2016 à décembre 2018, quatre missions d’OIE (Observation Indépendante Externe) et trois missions de contrôle forestier se sont déroulées dans les FDN aux voisinages des villages Oboul1, Kwamb, Ntimbe1 et Nkwal communautés situées respectivement à près de 20km, 15km, 35km et 14km d’Abong-Mbang. Malgré la présence des services du MINFOF (Ministère des Forêts de la Faune), un nouveau mode opératoire a fait surface et prend de l’ampleur dans l’arrondissement d’Abong-Mbang. Les populations des villages situés tout au long de la route nationale no10 sont devenues maîtres dans la coupe et la vente illégale de bois dans les FDN et dans la Forêt communale d’Abong-Mbang. Les parcs à bois sont installés derrière les maisons et parfois en bordure de la route nationale n10. Les camions grumiers en partance pour le Nord, l’Extrême-Nord, le Centre et le Littoral achètent et transportent ce bois pour des destinations inconnues. Ce business est devenu une norme dans l’arrondissement d’Abong-Mbang. De nuit comme de jour, les camionneurs achètent et transportent le bois coupé illégalement dans les FDN.

A qui la faute ? Les populations riveraines des FDN sont à l’actif de cette activité illicite sous le regard passif et ou complice des autorités administratives et traditionnelles. Les planches qui servent de signalisation des points de stockage/vente sont visibles par tout passager ou visiteurs de passage sur la route nationale no10. Les exploitants illégaux, scieurs clandestins, acheteurs et revendeurs n’ont plus peur de la présence des autorités. Est-ce par complicité ou par obstination que cette peur a disparu ? Comment pourrons-nous établir les responsabilités lorsque nous nous rendons compte que le Cameroun est doté d’un dispositif juridique et réglementaire dans le secteur forestier. Qu’est-ce qui ne fonctionne plus dans la stratégie nationale de contrôle forestier ?

Nous pensons qu’il est important de normaliser cette activité qui a pris corps dans les zones forestières en mettant en place un cadre règlementaire et légal qui permettra à toutes les parties de bénéficier en toute légalité. Dans la chaine de mise en œuvre de cette activité, l’Etat et la commune apparaissent comme des personnalités morales qui perdent énormément. D’une part les administrations en charge des questions forestières se manifestent sur le terrain par une « tolérance administrative », qui bénéficierait à des fonctionnaires complices. D’autre part, l’impunité, les procédures onéreuses des petits titres, l’échec de la foresterie communautaire, l’insuffisance de matériel et moyens logistiques assignés au contrôle forestier et la violation des droits des populations locales seraient à l’origine de la montée de cette activité. Selon les populations certains bois sont issus de l’abattage des arbres qui sont dans les champs et plantations. Ces arbres au lieu de servir au droit d’usage sont mis sur le marché illégalement. L’on pourrait parler d’une exploitation rationnelle et durable. A quoi servirait le bois des champs et plantations si celui-ci est mis au feu ? Une réflexion devrait donc être amorcée dans ce sens pour mettre en place des procédures encadrées et souples d’une exploitation légère dédiée uniquement aux Camerounaises et Camerounais qui développent des activités agricoles à une échelle très réduite (1 à 3 hectares par exemple).   

MEDJO François Médard                  

Cette article est produit dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Suivi communautaire des forêts et temps réel pour maintenir les moyens de subsistance et les forêts en Afrique Centrale et de l’Ouest » (projet RTM2) mis en œuvre au Cameroun par FODER et RFUK, financé par FCDO.

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