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Des foyers améliorés pour faciliter la vie des femmes riveraines du Parc Nationale de la Bénoué – Région du Nord Cameroun

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Dans la plupart des zones soudano-sahéliennes les femmes occupent des positions assez marginales notamment dans le processus de la prise de décision et de gestion des affaires familiales. Nonobstant ce biais de positionnement, les femmes restent la cheville ouvrière des ménages ruraux. Au Nord Cameroun, en plus des tâches domestiques qu’elles effectuent (puisage de l’eau, ramassage du bois, préparation des repas …) les femmes prennent part (aux côtés du chef de ménage) à toutes les activités socio-économiques (agriculture, élevage, artisanat, petit commerce, etc.). Ces charges qui leur sont socialement léguées influencent leur santé et leur épanouissement, car, pour toutes ces activités, elles y consacrent plus de 10 heures de temps par jour (Droy, 1990).

Dans le cadre des activités gastronomiques l’on retrouve en premier la préparation des repas pour toute la famille dont l’un des principaux inputs est le bois de chauffe, utilisé dans tous besoins de cuisson et de chauffage en zone rurale comme unique source d’énergie domestique.

La quête du combustible ligneux

Dans le Nord Cameroun, comme partout ailleurs, le combustible ligneux est la principale source d’énergie qu’utilise la majorité de la population. Les données du FAO montrent que la consommation du bois comme source d’énergie représente 1 m3/habitant/an. Avec la croissance démographique enregistrée, on estime à près de 20 millions de m3 de bois consommés chaque année. Dans la région du Nord, le bois est généralement coupé dans et autour des aires protégées notamment les parcs nationaux à l’instar du Parc National de la Bénoué (PNB).

Les femmes ayant la responsabilité de la logistique des activités domestiques, parcourent de longues distances à la recherche du combustible ligneux pour la cuisson d’aliments. Les distances parcourues par les femmes (et enfants) à la recherche du bois, se rallongent au fil du temps du fait de la raréfaction de la ressource ligneuse. La rareté du bois s’explique par la hausse accrue de la demande en combustible ligneux soutenue par l’accroissement démographique galopante dans la zone du PNB. Ainsi, on estime à près de 10 KM (voire plus) de marche à pied que parcourent les femmes pour la recherche du bois énergie. Vivant autour d’une aire protégée (PNB), les femmes sont contraintes d’aller toujours plus loin pour rechercher du bois énergie, accentuant ainsi la dynamique de la déforestation du paysage.

es longues marches quasi quotidiennes (au moins 3 fois par semaine) pour la quête du bois constituent un fardeau supplémentaire pour ces femmes. De ce fardeau naissent des problèmes de santé, de fatigue et même d’insécurité pour elles. Le bois collecté en brousse est transporté sur la tête (ou avec la brouette pour celles qui en disposent) par les femmes vers leur ménage pour stockage et utilisation de ce bois pour la cuisson et le chauffage.

Le foyer traditionnel à 3 pierres, l’outil de cuisson utilisé pour la préparation des repas

Dans les zones sahéliennes, la plupart des ménages ruraux utilisent le foyer traditionnel pour cuire les aliments. Ce foyer traditionnel se compose de trois pierres rangées en triangle sous lesquelles l’on met le bois de chauffe. Cet outil de cuisson ancestrale bien que reflétant le savoir-faire local, utilise une importante quantité de bois qui varie en fonction de la taille du ménage.

Ce foyer traditionnel à 3 pierres est un mauvais système de cuisson qui exposent les femmes utilisatrices aux divers problèmes de santé, d’économie et sur l’environnement. En effet, suite à la combustion incomplète (du fait que le foyer traditionnel ne dispose pas d’une enceinte hermétique), il se dégagent dans l’environnement domestique, de la fumée et d’autres particules reconnues nuisibles à la santé humaine, exposant ainsi les femmes-utilisatrices à des maladies pulmonaires et oculaires. De plus, cette fumée noircie la marmite au feu, demandant par le même fait plus de force pour la vaisselle faite par les femmes. En outre, ce foyer est très couteux en termes de bois, c’est ce qui explique la fréquence de la collecte de bois de chauffe par les femmes (et les enfants).

La dynamique de la coupe abusive du bois de chauffe et du changement climatique accélère la déforestation et par conséquence met en péril les écosystèmes autour du PNB et sa périphérie ainsi que les capacités des populations (en particulier les femmes) à subvenir à leur besoin énergétique de façon efficiente et pérenne.

Le foyer amélioré en terre comme outil d’efficience de l’énergie de cuisson 

Suivant une approche inclusive, le projet « Ecosystème du Nord Cameroun : vers une approche de gestion intégrée du paysage » (EcoNorcam) mis en œuvre avec le soutien financier de l’Union Européenne (UE), entend contribuer à concilier la conservation des ressources naturelles et le bien-être des communautés riveraines du PNB. Déployé selon une démarche sensible au genre, le projet EcoNorcam s’investit à la conscientisation des communautés riveraines du PNB sur la gestion durable des ressources naturelles notamment la ressource ligneuse utilisée comme combustible domestique. Afin de freiner la dynamique de la déforestation dans la zone du PNB, l’organisation FORETS ET DEVELOPPEMENT RURAL (FODER) a entrepris des actions de sensibilisation, de communication pour le changement de comportement environnemental et de renforcement du leadership féminin et de la jeunesse qui s’étalent tout au long de la durée du projet EcoNorcam.

Ayant constaté le déficit et l’inappropriation du dispositif de l’énergie de cuisson dans la zone du PNB, FODER vulgarise l’utilisation du foyer amélioré en terre au détriment du foyer traditionnel à 3 pierres. Le nouveau système de cuisson proposé vise à alléger les charges quotidiennes des femmes et contribuer à freiner la coupe abusive de bois de chauffe.

Le foyer amélioré en terre est un dispositif de cuisson utilisant rationnement peu de bois et produisant moins de fumée par rapport au foyer traditionnel d’antan. Cet outil se positionne comme étant un instrument d’efficience de l’énergie de cuisson nécessaire pur tous les ménages ruraux.

En utilisant moins de bois, ce type de foyer contribue à réduire la fréquence de collecte de bois par les femmes et donc alléger le fardeau des distances à parcourir quasi quotidiennement. Le gain de temps permet aux femmes de se concentrer sur des tâches moins lourdes et productives ou de se reposer, car le repos est un aspect important pour la santé.

En émettant peu de fumée, le foyer amélioré en terre préserve les femmes des multiples maladies pulmonaires et oculaires. De plus, sachant que la fumée est constituée des particules contribuant à l’effet de serre (et donc à accentuer le phénomène de changement climatique globale), l’utilisation du foyer amélioré en terre amène les ménages ruraux à réduire leur empreinte carbone. De nombreuses séances de renforcement des capacités et de démonstrations de la fabrication du foyer amélioré en terre sont réalisées à l’endroit des femmes au sein des communautés cibles. Ne nécessitant que des matériaux disponibles localement (la termitière, quelques morceaux de pierres et de l’eau) le foyer amélioré en terre reste facile à construire et très pratique à l’utilisation.

Les séances de démonstrations ont déjà permis à bon nombre de femmes de construire elles-mêmes leur propre foyer amélioré à domicile pour ainsi bénéficier de tous ses avantages économiques, sanitaires et environnementaux. Les femmes vivant dans les communautés riveraines du PNB commencent à adopter le foyer amélioré en terre comme véritable outil d’efficience de l’énergie de cuisson. Cet outil qui vient contribuer à faciliter la vie de ces braves dames au combien importantes pour l’équilibre socio familial mais toujours marginalisées dans les majeurs domaines de la vie.

Cet article est rédigé et publié dans le cadre du projet « Ecosystème Nord : vers une approche de gestion intégrée du paysage » (EcoNorcam)

Par

ABDOU-RAMAN MAMOUDOU

Facilitateur – Projet EcoNorcam

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