CONTEXTE
Dans le cadre de la mise en œuvre des activités au sein des Champs Ecole Paysan (CEP), l’organisation Forêts et Développement Rural (FODER) prône des actions agro écologique tel que la fabrication du compost, la fabrication d’un engrais liquide à base de l’urine humaine, la fabrication des bio pesticides à base des amendes de neem, ail et piment, qui favorise la réduction du coût de production auprès des agricultrices, femmes de la région du Nord. Ces actions sont organisées dans le cadre du projet Ecosystème du Nord Cameroun : vers une approche intégrée du paysage (EcoNorCam) dans cinq (08) localités à savoir : Boulel, Ouro André (ZIC 8), Dogba (ZIC 4), Banda (ZIC 1), Na’ari, Agorma (ZIC 7) Pani, Mboukma (ZIC 9).
cette approche agro écologique pour l’instauration de l’agriculture intelligente face au climat (AIC)[1] dépasse une vision conventionnelle en matière de productivité, de réalisation des approches d’économie circulaire et de la transformation des produits. Une telle approche va au-delà de simplement soulager la faim dans nos communautés. Elle vise la construction d’une résilience alimentaire à long terme impliquant la capacité des écosystèmes à supporter la production alimentaire et la capacité des femmes à produire de la nourriture face aux chocs et aux stress environnementaux et socio-économiques. C’est ainsi que, l’approche CEP[2] permettra d’assurer un appui conseil et un encadrement technique de proximité aux femmes par l’animation des cadres d’apprentissages, d’échanges d’expériences et de connaissances où elles apprennent en pratiquant des techniques et des méthodes agricoles simples et adaptées à leurs capacités afin de réduire leurs coût de production agricole.
Des actions concrètes pour la réduction de coût de production agricole des femmes.
Dans le concept du CEP, où il est question d’appuyer les agriculteurs sur les pratiques agricoles innovantes, la femme reste un leitmotiv fondamental de ce concept. FODER a mis en place un système pour accompagner les femmes sur les techniques de fertilisation naturelle des sols et le renforcement des capacités des femmes dans la production et la conservation des intrants naturels dans le but de réduire ainsi le coût la production agricole de ces dernières. Depuis la mise en place de ces techniques, 485 paysans dont 240 Jeunes et 245 Femmes ont été formés sur l’utilisation de l’urine humaine comme bio pesticide et biofertilisant, la fabrication du compost et des bio pesticides à base des produits locaux tel que les amendes de neem, l’ail et le piment dans les localités de Boulel, Ouro André (ZIC 8), Guidjiba, Dogba (ZIC 4), Banda (ZIC 1), Na’ari, Agorma (ZIC 7) Pani, Larki, Mboukma (ZIC 9)
De l’engrais chimique à la fertilisation naturelle des sols
Les produits chimiques sont à la base de l’infertilité des sols dans le Nord du Cameroun en raison de leur utilisation abusive. Les paysans utilisant assez de ces produits pour fertiliser leurs sols et lutter contre les ravageurs de cultures se retrouvent dans d’énorme dépenses qui ne sont souvent pas compensées par un bon rendement. La hausse du prix des engrais chimiques sur le marché au démarrage de la campagne agricole de 2022 à conduit FODER à prendre des mesures vigoureuses afin d’apporter des alternatives concrètes pour juguler cette surchauffe du marché local des engrais qui serait pour les femmes riveraines au PNB une voie maitrisée d’amélioration du coût de la production agricole.
Pour ce faire FODER a voulu réduire ces dépenses liées à la production afin de les permettre de produire à base des produits moins couteux et respectueux de l’environnement tel que le compost fabriqué à base des résidus de récoltes et de la fumure organique, en collectant de l’urine humaine pour en faire de l’engrais liquide qui contient des substances nécessaires à la croissance des végétaux et en fabriquant des bio pesticides pour lutter contre les ravageurs de culture.
Ces techniques ont permis aux femmes de pouvoir produire sans pour autant dépenser des fonds pour l’achat des produits chimiques. Ce qui a considérablement réduit les dépenses aux femmes qui sont les moteurs de l’agriculture familiale dans le Nord
Photo 1 : Fabrication du compost en andain
Des formations ciblées et l’accompagnement des paysannes riveraines au PNB sur la fabrication des engrais organiques ont complété les séances de sensibilisations réalisées et favorisé le changement de paradigme en ce qui concerne l’utilisation des intrants chimiques et les pratiques agricoles non durables. Des fosses compostières ont été mise en place afin de démontrer la fabrication de l’engrais organique en communauté. L’utilisation de cet engrais organique a été démontré dans les CEP en fumure de fond et en amendement au pied de la plante. Des changements sur le coût de production a été perceptibles pour les femmes qui ont bien voulu s’investir dans l’apprentissage de ces techniques agro écologique. Le test de ces pratiques agricole est passé par l’Analyse de l’Agro Ecosystème (AAES)[3]
- L’utilisation de l’urine comme fertilisant
C’est un engrais liquide qui contient des substances nécessaires à la croissance végétale mais aussi des oligoéléments qui contribuent au bon développement des végétaux. Il s’agit des urines collectées auprès des bénéficiaires du projet Il faut noter qu’une sensibilisation sur l’utilité, la collecte et l’usage a été faite au préalable auprès des bénéficiaires avant d’entamer le processus.
Photo 2: Utilisation de l’urine humaine
Le bio pesticide contre les ravageurs de cultures
Pourlutter contre les ravageurs de cultures, la fabrication des bio pesticides par les femmes reste un moment important de l’appui de FODER dans la réduction du coût de production agricole des femmes. Ces bio pesticides sont préparés à base des produits naturels pouvant améliorer la qualité et la santé du sol et de la plante tout en permettant la disponibilité de micronutriments essentiels à ces derniers. FODER a fourni les intrants nécessaires à la préparation de ces bio pesticides. Une formation pratique a été faite auprès des femmes. Cette ont appliqué ainsi les produits naturels préparé dans leur champ pendant toute la période de la campagne agricole. Ceci à contribuer de manière efficace à éliminer de façon définitive l’achat des pesticides agricoles devenu très chères sur le marché.
Photo3 : ingrédients de fabrication du bio pesticide
Parole à nos bénéficiaires…
Quelques clichés des actions de renforcement de capacité des femmes de la région du Nord Cameroun
Épandage du compost au pied de la plante à Agorma
Par : Bourfané Yandji Henri et Boimandi Fimanou Nathalie
[1] Agriculture Intelligente face au climat
[2] Champ Ecole Paysan
[3]-C’est une pratique de suivi dans les CEP. Elle implique l’application de pratiques essentielles d’autonomisation pour les femmes comme : l’observation systématique, l’apprentissage par la découverte, l’analyse critique, et la confiance en soi à travers les présentations et les discussions, les prises de décisions collectives. Elle est le moteur des champs école paysan. Au cours de l’AAES tous les femmes observent la situation de la culture, mesurent et notent le développement des plantes, analysent et élucident les problèmes actuels ou rencontrés, discutent des mesures à prendre et s’entendent sur la façon de les appliquer. Avec cette approche, les femmes sont capables de déceler elles même les anomalies dans les différentes parcelles et d’en appliquer les mesures correctives. Ceci a permis de mettre en application la fabrication au temps opportun des bio pesticides afin de réduire l’achat des pesticides chimiques sur le marché local.
